Méditation

Gedankengedicht zum Thema Reflexion

von  Roger-Bôtan

Quand on est jeune on hait et on aime sans bornes.
On a du self-esteem. On fait porter des cornes,
plutôt que le chapeau. On est encor trop beau
pour voir sur ses photos la tronche d’un marpaut.  
On ne demande pas au bonheur : — Quand sera-ce ?
Avant de se poser des questions on s’embrasse.
Car la bouche s’embrase et ne sait prononcer
que des sons saccadés de soupirs et baisers.
De la bouche embrasée les paroles s’écoulent
sans avoir eu le temps de durcir dans le moule.
De plus, quand on est jeune, on a la comprenoire
logique comme tout. Lorsqu’on croise un vieillard
courbé, ridé, traînant ses pieds cahin-caha,
on dit qu’on ne sera jamais aussi gaga
que lui, et l’on dit vrai, car chaque centenaire
s’abêtit avec l’âge à sa propre manière.
Quand on est jeune on sait qu’un instant de bonheur
dure une éternité dans le for intérieur,
où il l’est en effet. Bien qu’on ait le cerveau
détraqué, on agit juste comme il le faut.
On prend l’amour au vol, où qu’il vole. Ou encore
on le vole aux copains sans le moindre remords.
On se ment franchement, on se sert des salades,
laisse causer au cul, si la tête est malade,
on s’exalte, on s’éclate. Enfin, quand on est jeune,
on ne fait que répondre à l’appel de ses gènes.
On est sans gêne. On n’est ni impudent ni prude,
ni sérieux ni léger, même lorsqu’on dénude
son corps, ou, pis encor, qu’on dénude son âme.
Le premier on s’en fout, c’est l’âme nue qu’on blâme.
Mais on la met quand même à poil à tout moment
sans croire mal agir et sans rougissements.
On est crédule et nul, mais cette nullité
nul ne l’a déplorée, nul ne l’a regrettée.
Pour ce qui est du fait que l’on naisse ici-bas
sans être demandé si l’on le veut ou pas,
on s’en bat. On s’en va flâner dans la nature,
on respire l’air pur qu’exhale la verdure,
on admire les champs en pleine floraison,
et ce faisant, qui sait, peut-être a-t-on raison
de douter de la fin de ces immensités,
de la mortalité de toutes ces beautés,
de l’idée située au-delà de la langue,
encor qu’on sache bien que depuis le Big Bang
l’univers se dissout, se disperse, s’efface
dans un néant qui n’est ni le temps ni l’espace.
Même en voyant en face une endémie qui fauche
inexorablement ses amis et ses proches,
même observant de près, de ses yeux, l’extinction
d’un empire puissant, d’une grande nation,
de tout un continent, d’une supernova,
on demeure méfiant. On dit avec émoi :
— Oui, tout disparaîtra, tout sera froid et noir,
c’est clair! … — Mais alors même on le dit sans y croire.

Hinweis: Du kannst diesen Text leider nicht kommentieren, da der Verfasser keine Kommentare von nicht angemeldeten Nutzern erlaubt.

Kommentare zu diesem Text

Gitana (41)
(13.06.10)
Dieser Kommentar ist nur für eingeloggte Benutzer lesbar.

 Roger-Bôtan meinte dazu am 14.06.10:
Solche Meditationen waren mal Gang und Gäbe im 19. Jhdt.
Lamartine:

Mais puisque je naquis, sans doute il fallait naître ;
Si l’on m’eût consulté, j’aurais refusé l’être.


Oder Musset :

Et le peu de bonheur qui nous vient en chemin,
Nous n’avons pas plus tôt ce roseau dans la main
Que le vent nous l’enlève.


Ich dachte an Rap, während ich meine Meditation schrieb : Eine moderne Skandierungsmethode, die eigentlich nicht neu ist.
Zur Zeit online:
keinVerlag.de auf Facebook keinVerlag.de auf Twitter keinVerlag.de auf Instagram